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13 000 appels et SMS de son copain en 3 mois (Libération Champagne, 12/07/2022)

« Sa relation tumultueuse avec Salah n’a duré que quelques mois mais a laissé Anna* traumatisée. Entre le 1er septembre et le 30 novembre 2021, elle a reçu près de 13 000 appels et SMS de son conjoint, sans compter les prises de contact via les réseaux sociaux. Il voulait savoir, à tout moment, où elle se trouvait.

Dans certains échanges téléphoniques, les insultes pleuvent, les menaces aussi. Mais Salah ne se serait pas contenté d’appels virulents. Le 12 novembre 2021, il aurait frappé Anna sur tout le corps. Elle aurait même perdu connaissance après qu’il l’ait étranglée. Une dizaine de jours plus tard, son médecin a constaté de multiples hématomes et une entorse au pouce.

LE PREVENU NE RECONNAÎT PAS LES VIOLENCES

Le second épisode de violence, rapporté par Anna, date du 7 décembre 2021, juste après la rupture. Les ex-conjoints se disputent dans la rue, devant le domicile de Salah. Des personnes présentes sur un chantier à proximité des lieux assistent à la scène, entendent les cris et voient la jeune femme chuter. Elle s’en sort avec une double fracture à la cheville et 90 jours d’incapacité totale de travail.

Alors, Anna a tellement peur de son ancien petit ami qu’elle obtient une ordonnance de protection. Elle porte plainte également. Lors de l’audience du 5 juillet, la présidente du tribunal questionne : « Le 25 octobre, vous avez envoyé 435 messages entre 14 h 17 et 17 h 59. À partir de combien de messages, comprenez-vous qu’il faut arrêter ? ». Le prévenu se défend en indiquant que la victime aussi voulait savoir où il était et le suivait partout grâce à son compte Google. Il ne reconnaît ni le harcèlement, ni les violences. « Elle a contacté toutes ses copines, mon ex, pour faire des histoires contre moi et me faire condamner. Tout ça, c’est des mensonges, je ne l’ai jamais touchée, j’ai des preuves », avance-t-il. Il indique d’ailleurs qu’Anna se serrait pris les pieds dans un trou dans le sol avant de chuter le 7 décembre. Il l’aurait tirée par le bras uniquement pour l’aider à se relever, ce jour-là.

Les réponses du prévenu font bondir Me Bonamour, avocate de la partie civile. « Il n’a aucune empathie vis-à-vis de ma cliente. Son comportement est inquiétant… La seule chose qu’elle veut aujourd’hui, c’est qu’il la laisse tranquille ».

« On est face à un homme qui croit posséder ses compagnes ».

« Si je comprends bien, le prévenu serait victime d’une sombre machination, il s’inquiète pour elle dont il l’inonde de messages, l’aide à se relever après une chute involontaire », résume Aurélie Hemonet, la procureure. « Il n’y a aucune remise en question de sa part. On est face à un homme qui croit posséder ses compagnes et qui veut qu’elles justifient de tous leurs faits et gestes ». Elle requiert 24 mois de prison, dont 12 avec sursis contre Salah.

Quant à Me Lejeune, à la défense, il s’étonne : « Il est très fort ce médecin qui, quatorze jours après les faits, voit encore des hématomes  ». Et d’ajouter : « Dès le début, ils sont dans une relation malsaine, dans les deux sens. Aujourd’hui, on est dans une démarche de vengeance. Madame veut faire payer à mon client bien plus que ce qu’il a fait ».

Le tribunal a finalement relaxé le prévenu pour les faits de harcèlement. Pour les violences et les appels et SMS malveillants, il est condamné à 18 mois de prison dont 9 avec sursis. Il réalisera la prison ferme sous bracelet électronique ».

* Prénom d’emprunt

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